En 2016 et 2017, le gel a frappé presque tous les vignobles français, et la perspective d’une troisième année de gel flotte au-dessus des vignes… Face à ce dérèglement climatique, les vignerons ont adopté diverses stratégies.

En Touraine (4 gelées en 6 millésimes) et dans le Centre Loire, “désormais, il faut s’attendre à des gelées récurrentes”, avance Virginie Floreau, directrice de l’ODG Montlouis-sur-Loire. “Nous devons être prêts.”

En s’appuyant sur une étude commandée par la Région Centre Val de Loire en 2016, plusieurs stratégies, souvent collectives, ont émergé pour lutter efficacement contre le gel : hélicoptères à Montlouis, mais aussi tours antigel fixes, pliables ou mobiles, convecteurs à air chaud… “Plus la surface couverte est importante, plus la protection est efficace”, souligne Anastasia Rocque, chargée de mission “gel” de la Chambre d’Agriculture du 37.

17 millions d’euros d’investissement antigel étaient ainsi planifiés dans la région dès 2016. Quincy aurait ainsi dépensé “2 millions d’euros” en tours antigel, pour être protégé à 80%. A Chinon, toutes techniques confondues, “la moitié des zones gélives de l’appellation seront protégées” dès ce printemps. Malgré tout, aujourd’hui seulement “10% du vignoble régional” est couvert, évalue Anastasia Rocques.

À l’autre bout du vignoble, dans le Muscadet ou l’Anjou, quelques CUMA sont apparues pour l’achat d’éoliennes mobiles (muscadet) ou de tours antigel (Saumur-Champigny). Mais la nouveauté, ce sont des contrats d’assurances “paramétriques”, c’est-à-dire liés à des conditions climatiques.

LES VIGNOBLES ADOPTENT DIFFÉRENTES MESURES CONTRE LE GEL

À Chablis, le gel de 2017 a sonné l’heure du retour en grâce des toiles (qu’il ne faut plus appeler bâches). Interdites par l’INAO en 2003, elles sont de nouveau autorisées… en guise de test, pour trois ans. Une dizaine de domaines devraient ainsi tester ces grandes toiles en tissu “épais mais respirants”, vendus 1,20€/m2.

Ailleurs, “rien n’a vraiment changé” depuis 2017, estime Christine Monamy, responsable agro-météo du BIVB, en évoquant toutefois une plaquette d’informations, des alertes météo plus précises ou encore le lancement d’une étude régionale régionale.

À Bordeaux (30% de pertes en 2017), quelques tours antigel ont depuis débarqué dans le vignoble. Mais “on a surtout travaillé sur les “VCI”, les volumes complémentaires individuels, autrement dit des stocks de surplus”, explique Christophe Château, au CIVB. Environ 300.000 hl de 2016 (10% environ d’une année moyenne) vont ainsi être remis sur le marché. “C’est un très bon outil qui ne coûte rien à personne”, estime Christophe Château. “Plusieurs centaines de domaines y ont fait appel.”

LE GEL, UNE AUBAINE POUR LE LANGUEDOC !

Pour le vignoble du Languedoc, 2017 est l’année de la plus petite récolte jamais enregistrée, avec 20% de perte. Aucune stratégie contre le gel n’a cependant été mise en place, car le phénomène reste rarissime. En fait, l’interpro se frotte les mains : ce millésime 2017 aura été un vrai bol d’air frais dans une région souvent confrontée aux surplus. “Et on devrait pouvoir alimenter le marché des AOC en 2018”, se réjouit Jérôme Villaret, directeur du CIVL. Une sacrée aubaine, tandis que d’autres vignobles français sont à la peine…

En Champagne, les deux années de gel consécutives (-25% en 2017) n’ont pas bouleversé les habitudes prises… de compter d’abord sur les réserves. Et d’après le CIVC, la région n’a pas connu d’investissement particulier contre le gel. Pour les techniciens du Comité Champagne, de toute façon, contre le gel, “la seule arme, c’est la réserve qualitative.”

Par Julie Reux
Publié le 

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